J’ai écouté une interview sur France Inter concernant les chiffres de baisse de la natalité en France. Elle est au plus bas depuis la fin de la seconde guerre mondiale. C’est un sujet assez discuté dans les médias et qui demande apparemment un positionnement de nos politiques. Le président Macron a parlé il y a quelques mois de “réarmement démographique”, ce qui m’a personnellement assez dérangée. Je suis une femme en âge de procréer, et je n’aime pas qu’un responsable politique sous-entende que mon ventre est au service du pays, ni que les enfants soient synonymes d’armes de guerre. Encore une petite phrase de notre président.
En quoi c’est un problème ?
Notre modèle économique et social repose sur le rapport population jeune / population âgée, et manquer de jeunes veut dire :
- risque de manquer de main d’oeuvre
- risque pour le financement du modèle de protection sociale (santé et retraites)
- que faire de tous ces vieux qui perdent leur autonomie ?
Les causes
Multifactoriel : manque de place, de logements, de moyens de garde, paupérisation générale de la population, jeunes en difficulté pour se projeter dans l’avenir, inquiétude écologique.
Les paradoxes
À écouter le discours dominant, la dénatalité est un grave mal auquel il faut trouver un remède. Pourtant :
- on considère assez majoritairement à droite et au centre la plus forte natalité des femmes issues de l’immigration comme un problème. → aurait-on peur du grand remplacement ?
- on rejette aussi globalement dans ces sphères idéologiques la PMA pour toutes
- une politique publique encourage la stérilisation des femmes à Mayotte (!!), qui sont pourtant des femmes parfaitement françaises (mais peut-être pas assez blanches …)
- Elon Musk considère que la dénatalité est «l’un des plus grands risques pour la civilisation» → il parle bien de civilisation, pas d’humanité. Sous-entendu : la civilisation blanche occidentale bien sûr.
Les solutions
Selon une intervenante, le désir d’enfant ne serait pas en cause. Il suffirait de lever les entraves qui existent pour les femmes, à savoir :
- qu’actuellement, 1 enfant = 25% de baisse de salaire pour une femme
- que les mères peu qualifiées n’aient pas à renoncer au travail et que les mères qualifiées n’aient pas à renoncer aux enfants
- la mortalité infantile et maternelle est en hausse (le fait que les femmes enfantent de plus en plus tard aurait-il un lien ?)
D’autre part, l’Aide Sociale à l’Enfance est défaillante. Elle peine à aider les enfants déjà vivants. Les mères solo vivent dans une grande précarité, la société ne les aide pas à correctement percevoir les prestations compensatoires lorsqu’elles en ont.
Élargissement
La dénatalité n’est qu’une donnée, pas un problème en soi. En effet, vu notre modèle social, cela devient un problème si rien ne change.
Au-delà de ne pas faire d’enfant du tout, si les femmes ne veulent plus faire qu’1 ou 2 enfants (ce qui ne permet pas le remplacement naturel de la population, qui s’établit à 2,2 enfants/femme), il va falloir que la société s’adapte.
Les enfants ne doivent pas être vu comme un moyen, un outil, voire une arme (cf. Macron et son réarmement). Il faut remettre l’humain au centre du débat : le ou les parents doivent pouvoir se projeter comme tel sans peur, la société doit s’adapter aux nouvelles formes de parentalité et penser ce sujet collectivement plutôt que de le laisser à la seule charge des familles.
Concernant les préoccupations écologiques, l’enfant ne devrait pas être considéré comme un pollueur en puissance de plus, mais comme un élément de réponse au dérèglement climatique. Logiquement, c’est en effet les générations futures et jeunes, les plus concernées, qui sont les plus à même de prendre le problème à bras le corps, et certainement pas les vieux qui répètent “foutu pour foutu”, “c’était mieux avant”, “les jeunes trouveront la solution”.
Mise en perspective : le nombre d’enfants baisse au niveau mondial, même si l’humanité croit encore dû à l’allongement de l’espérance de vie. Bientôt on amorcera la décroissance démographique mondiale.