Quel magnifique roman ! Une claque. Harper Lee (j’ai découvert en lisant la très à propos préface qu’il s’agissait d’une femme) parvient dans ce roman inspiré des lieux et personnages de son enfance à parfaitement retranscrire l’ambiance de l’Amérique provinciale d’après la grande dépression, on s’y croirait. Pour l’immersion, on y est.
Ensuite, j’ai apprécié la justesse de ton, et c’était un exercice périlleux. En effet, toute l’histoire se déroule par les yeux d’une enfant de 7, 8 ans, et c’est à la fois par ses réflexions naïves et son regard aiguisé su le monde qui l’entoure que se déroule un drame et une injustice affreuse. On reconnaît la ségrégation, le racisme, l’intolérance mais aussi le courage, l’engagement des adultes qui gravitent autour de l’enfant, mais elle-même ne nomme pas, ne juge pas ces concepts. Seulement, le regard ingénu de l’enfance permet de mettre en lumière crûment, mais souvent avec humour, le fonctionnement de cette société bizarre post guerre de sécession. Néanmoins, jamais la façon de percevoir ou de relater les événements par le truchement d’une gamine ne semble forcé ou peu plausible. C’est un tour de force de réussir à ramener le lecteur dans l’esprit naïf et les émotions pures de la petite enfance, sans forcer.
C’est un roman sombre, au fond, mais illuminé par endroit de telle manière qu’on en ressort bouleversé, plein d’espoir et rempli de compassion pour l’humanité. J’ai versé ma larme à la fin du récit, et c’est pour moi le signe d’un roman réussi. Il fera partie de mes classiques, lui qui fait déjà partie des classiques de la littérature américaines.